Autres moyens

Ainsi, depuis qu'un nombre énorme de brevets logiciels ont une qualité douteuse, la valeur des brevets a considérablement diminué aux yeux mêmes des investisseurs, devenant un indicateur faussé (cf. "Les PME de l'édition affichent leur méfiance", article paru dans Le Monde Informatique n° 973, du 14 mars 2003 http://www.weblmi.com/articles_store/973_11/Article_view.html ou La position de Pierre Haren, PDG de ILOG http://swpat.ffii.org/archive/citations/index.en.html#haren01 : « L'argument que les start-ups du logiciel ne lèvent pas d'argent sans brevet est fallacieux, je n'ai jamais rencontré ce cas de figure. »).

Mais d'autres moyens de se valoriser auprès d'investisseurs existent. En premier lieu, avoir un bon produit ou mieux : permettre l'accès à des services offrant une bonne valeur ajoutée aux utilisateurs, reste idéalement la meilleure manière d'attirer à soi les capitaux. Toutefois, l'histoire de l'industrie capitaliste et du logiciel en particulier a maintes fois montré que ce n'était pas toujours le meilleur produit ou le meilleur service qui parvenait à s'imposer. Développer une bonne stratégie marketing est devenu quasi obligatoire. En synergie avec une bonne stratégie commerciale, ceci doit permettre à l'entreprise de conquérir des clients. Et lorsqu'une société gagne de l'argent, voire devient profitable, nul doute qu'elle attirera les investisseurs et le capital lui permettant de développer son activité et de croître.

Un autre moyen pour un éditeur de logiciel d'obtenir la reconnaissance du marché peut être obtenu par le biais d'une marque déposée. Enfin, une position forte dans les organismes de standardisation peut être vue d'une part comme un accroissement remarquable de la reconnaissance d'une entreprise et d'autre part, comme une manière pour celle-ci d'obtenir l'adhésion des utilisateurs en faisant jouer les effets positifs de réseau et les stratégies d'alliances évoquées dans la première partie.

Il n'entre pas dans le but du présent article de détailler l'élaboration de telles stratégies, mais il importe de comprendre ici que le dépôt de brevet n'est pas une fin en soi - sauf si, bien entendu, il s'agit de la principale, voire l'unique activité de l'entreprise. Ceci même pour des investisseurs ; si ceux-ci demandent aux entreprises dans lesquelles ils ont placé leur capital de déposer des brevets, ce n'est que pour avoir un indicateur de la valeur de l'entreprise. Ce que veulent les investisseurs en fin de compte, c'est accroître leurs profits. Or nous nous sommes attachés dans cet article à montrer pourquoi le nombre de brevets détenus par un éditeur de logiciel était un mauvais indicateur de la santé globale de cette entreprise et comment même les brevets logiciels pouvaient s'avérer contreproductifs pour une PME. Il est certain que lorsque les investisseurs comprennent cette situation, ils se détournent du système de brevets et exigent des entreprises d'autres moyens de les assurer de leur valeur. Et nous sommes arrivés à un point où les dysfonctionnements du système de brevets logiciels sont de plus en plus flagrants et où les arguments en défaveur des brevets logiciels se font de plus en plus entendre. Au sein même du Parlement Européen, une opposition très forte existe de la part de la commission aux Affaires Culturelles et de celle chargée de l'Industrie ou encore du Conseil Économique et Social de l'Union Européenne.

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